L’OCDE s’inquiétait déjà avant crise des montants faramineux des obligations émises par les entreprises, montant qui atteignait fin 2019 les 13.500 milliards .
Autre problème, la qualité des emprunteurs a largement chuté, contexte explosif en cas de crise.
Dans les années 2000 les notations BBB représentaient 39 % du marché (selon sputnik), aujourd’hui elles représentent 51 % du marché.
En dessous de cette notation nous entrons dans la catégorie dites des « spéculatives », en d’autres termes ce sont des obligations de mauvaises qualités.
Dans un contexte économique sain, ces obligations peuvent rapporter beaucoup d’argent à ses souscripteurs car le risque de défaut reste limité malgré tout, mais en tant de crise ?
Le FMI dans son rapport du 16 octobre 2019 (selon le Monde) indique qu’en cas de crise, le risque de défaut de la dette des entreprises des 8 plus grandes économies mondiales pourrait s’élever à 40 % (dans le pire scénario).
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Les politiques des banques centrales sont les principales raisons à cette dérive.
Premièrement, une politique de taux proche de zéro qui ont poussé vers une fièvre acheteuse.
Les taux bas font en sorte que la charge de la dette des entreprises soit supportable (acquisition ou renégociation), ce qui les autorise à s’endetter à nouveau sans voir leur note se dégrader.
Deuxièmement, une politique de « quantative easing » de la BCE et de la FED qui ont inondé l’économie, en clair on injecte des milliards qui en bout de chaîne se retrouvent sur les marchés financiers.
Que se passerait-il en cas de crise, en cas de hausse des taux ?
En cas d’un ralentissement économique (ou d’un arrêt brutal d’activité, par exemple un confinement) la charge de la dette de ces mêmes entreprises se verrait beaucoup plus lourde.
Ce qui implique en bout de chaîne, une dégradation de leurs notations et/ou une probabilité de défaut qui augmente.
Selon l’OCDE c’est env. 361 milliards d’obligations qui vont passer de BBB vers la catégorie « actif poubelle » d’ici peu.
Autre problème majeur, l’ensemble des fonds bancaires (FCP, OPCVM) qui ne peuvent détenir que des titres appartenant à une catégorie bien précise, devront céder ces derniers déclassés provoquant leurs chutes inexorablement…
D’un point de vue technique, si une hausse des taux devait survenir l’ensemble des détenteurs des obligations verrait le nominal de leurs titres chuter lourdement suivant la sensibilité des lignes détenus.
Avec des taux à 0, les probabilités sont plutôt en notre défaveur.
Seulement 22,3 % sont notées « investment grade » dont 18,6% BBB, 3,5 % AA (Selon Heuler Hermès dans Les Echos).
Se cumule a ce problème, une irrégularité du tissu économique de notre pays, en effet la France dispose de 5 fois moins de « mid et small caps » que ces voisins européens cités ci-dessus.
Quelques chiffres :
La dette mondiale est de 230 % du PIB mondial
La dette des entreprises (hors banques) 91,6 % du PIB mondial (contre 143 % pour les entreprises françaises)
La dette des ménages 59,4 % du PIB mondiale
Le reste du gâteau appartient aux Etats.